Sécurité sociale étudiante : la fin d’une époque

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Durant des années, les étudiants inscrits en cursus universitaires ou dans des grandes écoles ont bénéficié d’une sécurité sociale particulière, appelée sécurité sociale étudiante. Aujourd’hui, le gouvernement a décidé de supprimer ce régime étudiant au profit du régime général. Finie la sécurité sociale étudiante, bienvenue à la « contribution vie étudiante et vie de campus ». Il n’est pas facile de s’y retrouver dans cet univers qui paraît assez sombre aux nouveaux adultes. Job Qui Peut t’aide à y voir plus clair !

Comment c’était avant ?

A chaque rentrée, des millions d’étudiants français devaient impérativement adhérer à une sécurité sociale étudiante annuelle qui leur revenait à 217 euros. Elle était comprise dans les frais de scolarité. Cette procédure avait été mise en place après la guerre alors que la France ne comptait que 150 000 étudiants. Ce processus marchait correctement mais, désormais, avec le nombre toujours plus croissant de nouveaux élèves dans le supérieur, il a fallu agir !

Avec la loi sur l’Orientation et la Réussite des Etudiants (ORE), la sécurité sociale étudiante prend le nom de « contribution vie étudiante et vie de campus ». Cette réforme prendra place pour tous au fur et à mesure d’ici 2019. Les frais sont désormais de 90 euros pour tous les nouveaux arrivants, sauf les boursiers qui sont toujours exonérés de ces frais. Les étudiants en BTS et ceux sous régime du droit d’asile ne sont pas non plus concernés par cette nouvelle loi Macron.

Ce qui change vraiment

Si c’est ta première année dans l’enseignement supérieur, c’est un jeu d’enfant. Tu n’auras rien à faire mise à part conserver le régime de protection sociale que tu possèdes déjà. A savoir celui de tes parents, la plupart du temps.

En revanche, si tu étais déjà à l’université ou dans un cursus d’école supérieure l’an dernier et que tu continues dans cette voie, des changements sont à prévoir. Pour cette année (2018-2019) tu continues d’être rattaché à la sécurité sociale étudiante et à la mutuelle choisie l’an passé. Ce n’est qu’en septembre 2019 que tu devras t’inscrire à la caisse primaire d’assurance maladie de ton lieu de résidence pour souscrire au régime général.

Mais pourquoi ce changement soudain ? Des études ont montré que 30% des jeunes préféraient attendre que leurs maux passent plutôt que d’aller chez le médecin ou le spécialiste. Les délais de remboursement des mutuelles étudiantes étaient assez longs et beaucoup ne pouvaient pas avancer les frais faute de moyens financiers. De même que pour la délivrance des cartes vitales, le temps d’attente était beaucoup trop important.

Les mutuelles étudiantes sur le qui-vive

Ce n’est pas forcément les étudiants qui sont directement concernés par ce virement de situation mais plutôt les mutuelles étudiantes. Elles avaient le monopole depuis un moment et voici que tout chavire. En 1948, la Mutuelle Nationale des Etudiants de France (MNEF) se voit récupérer les rênes de la sécurité sociale étudiante. Elle devient ensuite la LMDE. Ce n’est qu’en 1972 que s’ouvre le marché concurrentiel. Une dizaine de mutuelles régionales voient le jour et offrent, en plus de la sécurité sociale, des offres de complémentaires santé.

« Aujourd’hui, 30% des étudiants renoncent à leurs soins faute de moyens financiers (…) Quand un jeune va chez le dentiste ou chez le médecin et qu’il met six mois à se faire rembourser, il va plutôt attendre que ça passe plutôt que de se faire soigner », Jimmy Losfeld, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage).

Jusqu’ici toutes géraient plutôt bien leur business. En fonction des zones géographiques, les étudiants avaient le choix entre deux à trois mutuelles. Cette annonce est donc assez brutale pour elles. Déjà que la LMDE souffrait de difficultés financières importantes, ceci ne va rien arranger.

Il ne faut pas confondre sécurité sociale et mutuelle. Ce sont deux choses complémentaires mais totalement différentes.

  • La sécurité sociale: c’est un ensemble d’organismes qui assure une sécurité vis-à-vis des risques sociaux, à tous les citoyens français. Ces « risques » sont liés au domaine de la santé. On y retrouve la maladie, la maternité, l’invalidité et le décès. Mais ils concernent également les accidents du travail et les inconvénients liés à la vieillesse et à la famille (handicap, logement…).
  • La mutuelle: elle est également appelée « complémentaire santé ». Comme son nom l’indique, elle prend le relais des remboursements lorsque la sécurité sociale ne le fait pas. Tu n’es pas obligé d’en posséder une mais tout ce que la sécurité sociale ne prendra pas en compte, tu devras le payer de ta poche.

Pouvoir d’achat et prévention sur la santé des étudiants

Jimmy Losfeld, le président de la Fédération des Associations Générales Etudiantes (la FAGE), et son équipe ont estimé que ce nouveau tournant représente 100 millions d’euros de pouvoir d’achat supplémentaire pour le million d’étudiants présents en France. En apparence, passer de 217 euros à 90 euros, est certes une économie considérable surtout quand on connait les petits budgets de ces jeunes universitaires.

D’ailleurs, cette redevance sera versée au Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires (CROUS). L’argent récolté servira à financer des politiques de prévention et d’éducation à la santé. Ce sera notamment le cas pour la santé sexuelle avec le développement d’un projet de prévention autour de la contraception et du dépistage des MST par exemple, mais aussi la promesse d’agrandir les centres de santé universitaires.

Les étudiants sont-ils vraiment gagnants ?

Selon l’Union Nationale des Etudiants de France (Unef), le coût de la vie étudiante augmente chaque année un peu plus. Le fait de payer moins de sécurité sociale étudiante serait en fait un leurre pour faire grimper d’autres prix.

La rentrée

Une rentrée dans le secteur de l’enseignement supérieur en 2018 coûte 1,31% plus chère que l’année 2017. Sachant que cette dernière avait déjà augmenté de 2,09% en comparaison avec 2016. Pour améliorer ces conditions laborieuses, l’Unef demande à ce que les bourses soient revalorisées de 20%. De même pour les Aides Personnalisées au Logement (APL) qui ne cessent de s’effondrer.

Les critères d’obtention de bourse sont également sur la sellette. Chaque année, plus de 73,5% des étudiants ne peuvent pas prétendre à cette aide. Et on ne parle même pas des étudiants étrangers venant étudier en France. Pourtant, elles sont plus qu’utiles et offrent des avantages considérables.

Le logement et les transports en commun

Les pôles universitaires sont, le plus souvent, situés dans des grandes villes. Les logements sont de plus en plus difficiles à dénicher. Pourtant il faut bien avoir un toit lorsqu’on vit à des kilomètres de chez ses parents. Les propriétaires deviennent frileux à l’idée de louer un bien à des étudiants dont le compte en banque ne se porte pas toujours au beau fixe.

Toujours selon l’enquête sur le coût de la vie étudiante, publiée en 2018 par l’Unef, 54% du budget étudiant s’envole dans le logement. Paris reste en tête des tarifs les plus alarmants avec 830 euros mensuels en moyenne. Mais ce n’est pas la hausse la plus forte. Le Havre connait un pic de +3,07% pour cette rentrée 2018.

Les transports en commun pour se rendre à l’université ou aux écoles est également un fléau de taille. Ce ne sont pas moins de huit villes universitaires qui cumulent augmentation des loyers ET des transports. On cite Lille, Nantes, Toulouse, Lyon, Saint-Etienne, Nancy, Angers ou encore Rouen. L’abonnement peut dépasser les 300 euros, sur les 269 euros 49 indiqués par la moyenne nationale.

Les petits boulots

Pour pouvoir subvenir à leurs besoins de base, bon nombre d’étudiants doivent trouver un petit boulot à côté de leurs études. Ce sont près de la moitié de ces jeunes qui sont obligés d’avoir une activité salariale pour pallier cette augmentation du coût de la vie.

Malheureusement, la fatigue, les horaires et le temps consacré à cet emploi se ressentent sur la réussite. 17,7% des étudiants salariés constatent un impact négatif de leur job d’appoint sur les résultats scolaires. Certains sont même contraints d’abandonner complètement les bancs de la fac pour gagner plus d’argent et payer leur loyer.

Cette constatation est assez alarmante et pousse de plus en plus de jeunes à partir étudier, faire un stage ou tout simplement s’exiler à l’étranger. L’herbe est peut-être plus verte ailleurs !

La couverture sociale à l’étranger

Si tu poursuis tes études à l’étranger ou que tu pars en stage hors des frontières françaises, tu dois bénéficier d’une couverture sociale. Selon ton statut et l’endroit dans lequel tu te rends, les démarches sont différentes.

En Europe

  • Pour un séjour d’une durée de moins d’un an :

Il faut être en possession d’une Carte Européenne d’Assurance Maladie (CEAM). Il existe trois possibilités de la demander. Soit directement en ligne en passant par le compte de sa mutuelle, soit par téléphone en composant le 36 46 ou en se rendant au point d’accueil de sa mutuelle ou de la caisse d’Assurance Maladie.

Cette carte permet la prise en charge des soins, suivant les conditions mis en place par le pays où tu te rends. On te conseille de t’y prendre au moins 2 mois à l’avance pour éviter les retards de réception.

  • Pour un départ dans moins de 15 jours :

La caisse d’assurance maladie délivre un certificat provisoire valable trois mois, le temps que la carte se fasse.

Grâce à la suppression de la sécurité sociale étudiante, il n’y a plus de problème si tu pars après la fin de ton cursus universitaire. Puisque tu fais désormais partie intégrante du régime général, aucun changement ou réinscription ne sont à prévoir.

Faire des études hors de l’Europe

Si tu as décidé de partir étudier dans un établissement hors de l’Europe, la protection sociale est différente selon le pays mais également selon ton âge. Il faut se renseigner directement auprès des organismes du territoire d’accueil.

Par exemple, au Canada, le Québec a établi une convention avec la France pour favoriser les échanges et les suivis administratifs.

En revanche, si tu as plus de 20 ans, tu devras t’inscrire à un régime étudiant sur place car tu n’as plus le droit de prétendre à l’assurance maladie française. Tu peux aussi choisir de souscrire à une assurance privée.

Faire un stage à l’étranger

En étant étudiant en France et en établissant une convention de stage à l’étranger, ta couverture sociale se règle au cas par cas. En effet, de nombreux facteurs entre en compte comme la rémunération, le lieu ou encore la durée de ton stage. Il est de ton devoir de te renseigner avant de partir pour ne pas avoir de surprise une fois là-bas.

Faire un Volontariat International en Entreprise (VIE)

Avec le VIE, tu as la chance de ne t’occuper de rien. L’entreprise ou l’organisme qui t’accueille, dans le cadre du Volontariat International en Entreprise, prend en charge tes frais de santé. Qu’ils soient dus à une maladie, une grossesse, un accident de travail, les frais sont remboursés et tu bénéficies également d’une couverture complémentaire.

Maintenant que tout cet univers de sécurité sociale et mutuelle est un peu plus clair pour toi, tu peux te faire une propre opinion de la disparition de la sécurité sociale étudiante. Dans tous les cas, pour toi, pas grand-chose ne change mis à part le prix d’inscription à ta licence ou à ton master.

On te souhaite une bonne rentrée et la réussite de ton diplôme que tu sois en France ou à l’étranger ! ?


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