Un Français sur quatre renonce à un travail faute de voiture

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Le Mondial de l’Auto 2018 a ouvert ses portes le jeudi 4 octobre à la Porte de Versailles de Paris. Chaque année, le salon dédié à l’automobile accueille plus d’un million de visiteurs qui se pressent pour admirer les nouvelles voitures et autres concept-cars futuristes. Décriée pour son empreinte écologique, la voiture reste le principal mode de transport des Français pour se rendre au travail. Et pour trouver un emploi.

Les Français et la voiture

Les véhicules hybrides et électriques à la peine

La relation entre les Français et la voiture est tumultueuse. S’il s’agissait d’une comédie romantique, ce serait un long feuilleton basé sur un « Je t’aime, moi non plus » platonique et mécanique. Le sujet de société revient inlassablement sur la table des préoccupations hexagonales. Et, cela ne date pas d’hier. Les débats publiques sur la mortalité routière dans les années 1970 ont laissé place aux échanges houleux sur la récente hausse du Diesel à la pompe et la critiquée limitation à 80 km/heure. Pourtant, ces polémiques d’antan ou actuelles n’ont, pour l’heure, pas fait fléchir l’utilisation française de la voiture.

L’année 2017 a même été marqué par un tournant record. Plus de deux millions de voitures neuves ont été immatriculées l’an dernier, ce qui représente une hausse de +4,7% en un an. Signe que le véhicule à quatre roues est bien ancrée dans le quotidien et dans le cœur des Français. En revanche, la part des véhicules hybrides (3,9%) et électriques (1,2%) dans les ventes de voitures neuves restent à la marge, en raison du coût d’achat élevé et d’une autonomie de batterie encore restreinte.

Six Français sur dix utilisent la voiture pour travailler

Les Français aiment prendre leur voiture pour se rendre au travail. C’est un fait. Le parc automobile français et ses 32,2 millions de véhicules demeurent le moyen de transport le plus utilisé pour effectuer les trajets domicile-travail. D’après une étude réalisée par le groupe néerlandais Randstad, près six Français sur dix prennent leur voiture pour aller travailler (63%). Les autres moyens de locomotion privilégiées par les 9 000 personnes interrogées viennent bien loin derrière. Les transports en commun (18%), la marche à pied (9%) et les deux-roues motorisés (4%) rivalisent péniblement avec la voiture. Les régions qui utilisent le plus la voiture sont le Poitou-Charentes (80%), le Limousin (78%) et la Champagne-Ardenne (77%). Sans surprise, il s’agit de zones bien souvent rurales et mal desservies par les transports en commun. A l’inverse, en 2015, 47% des Franciliens (Île-de-France) prenaient le bus, le métro ou encore le train pour se rendre au travail.

Trajets domicile-travail : le covoiturage ne séduit pas

L’enquête réalisée par le spécialiste dans le domaine de l’intérim et des ressources humaines révèle un autre point important. Les Français ont du mal à partager leur véhicule en compagnie d’autres passagers. Le covoiturage ne représente, en effet, que 2% des trajets domicile-travail. La prolifération des applications de rencontre entre automobilistes a un relatif impact sur le mode de circulation des Français.

A l’image de Paris, les grandes métropoles sont quotidiennement le cadre d’embouteillages monstres aux heures de pointe.

Par ailleurs, d’après le Ministère de la Transition écologique, le covoiturage est surtout utilisé pour des trajets de moyenne et de longue distance. Il peut être un énorme gain d’économie pour ceux qui souhaitent parcourir des centaines de kilomètres à moindre frais. Mais, pour les trajets quotidiens, le covoiturage peine à trouver des adeptes malgré l’installation d’aires un peu partout dans l’Hexagone. Bien souvent, il s’agit d’un partage entre collègues d’une même entreprise. Le faible intérêt financier d’un trajet aussi court ne séduit pas les conducteurs. La volonté d’être libres et indépendants est une autre raison avancée par les automobilistes individualistes.

Trouver un travail sans voiture, c’est possible ?

Les 18-24 ans durement touchés

Le sujet de la mobilité des demandeurs d’emploi revient autant que l’impact écologique des véhicules à moteurs thermiques. Tout le monde ne dispose pas du permis de conduire et de la voiture qui va avec. Tous les demandeurs d’emploi ne vivent pas non plus dans des zones idéalement desservies par les transports en commun. Le manque de mobilité est un frein à l’embauche, comme peuvent l’être le manque d’expérience ou le déficit de compétences. Selon un sondage de l’institut Elabe, 23% des Français interrogés ont déjà dit non à un travail ou à une formation parce qu’ils ne pouvaient pas y accéder. Le phénomène touche notamment les personnes les plus fragiles et les jeunes. Près de la moitié des 18 à 24 ans sondés (43%) déclarent avoir dû renoncer à une expérience professionnelle faute de moyen de transport.

« Permis B requis », « Voiture obligatoire ». Nombreuses sont les annonces d’emploi où figurent la mention d’une mobilité essentielle. Des métiers comme celui de commercial, par exemple, requièrent des déplacements fréquents voire quotidiens. Trouver un emploi sans voiture s’apparente donc à chercher une aiguille dans une botte de foin. C’est possible mais à condition de trouver un travail qui n’exige pas cette mobilité géographique. Le calcul est évidemment beaucoup plus simple dans une grande ville. Ou dans une région quadrillée par les moyens alternatifs à la voiture. Le manque de véhicule peut même devenir un cercle vicieux pour les demandeurs d’emploi économiquement fragiles puisque l’achat d’une voiture neuve ou d’occasion requiert forcément de travailler.

Des alternatives plus propres

Les alternatives au manque de voiture pour sa vie professionnelle existent. Elles comportent bien souvent des inconvénients comme celui de partager son espace avec d’autres personnes. En revanche, ces modes de transport ont des bénéfices autant économiques que sportifs :

  • Les transports en commun.
  • Le covoiturage.
  • La mobilité dite « douce » à pied, à trottinette ou encore à vélo.
  • L’autopartage d’une automobile sur des horaires bien définis.
  • Le télétravail, ou le travail à distance.

Des aides à la mobilité peuvent également être alloués par l’agence nationale Pôle Emploi pour tout trajet professionnel dépassant les 60 kilomètres aller-retour. En pratique, l’aide permet de prendre partiellement en charge les frais de déplacement, de repas ou d’hébergement. Les Français ont donc tout intérêt à laisser la voiture au garage pour se rendre au travail. En effet, d’après l’étude réalisée par Randstad, les Français passent en moyenne 23 minutes à se rendre sur leur lieu de travail. Sur une année, cela représente une semaine passée dans l’habitacle de sa voiture. Bientôt la fin du « auto, boulot, dodo » ?

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