Une enquête réalisée par la Conférence des grandes écoles (CGE) fait l’état des lieux de l’insertion dans le monde du travail et le salaire des diplômés sortis des meilleures écoles françaises. Le salaire moyen d’un diplômé de grande école, en augmentation, s’établit à près de 35 000 euros annuels. Des disparités sont visibles entre les hommes et les femmes et selon le secteur géographique. Explications chiffrées.
Les principaux résultats de l’étude
Réalisée en juin dernier, une enquête établie par la Conférence des grandes écoles (CGE) permet de voir plus clair sur la rémunération de celles et de ceux qui sortent d’une grande école. En partenariat avec l’Ecole nationale de la statistique et de l’analyse de l’information (ENSAI), l’association d’enseignement supérieur s’est attardée sur les retours des anciens élèves des écoles d’ingénieur et des écoles de management – ou business school. Près de 79 000 réponses ont été traitées en provenance de 176 écoles CGE différentes.
Marché de l’emploi : une insertion facilitée
L’un des premiers enseignements de l’étude est l’insertion dans le monde du travail par les diplômés. Il apparaît que la dernière promotion sondée est majoritairement en activité professionnelle (73,7%). C’est quasiment trois points de plus que la précédente enquête réalisée l’année dernière (70,8%). Parallèlement, avec 9,2% de demandeurs d’emploi, le taux de chômage des jeunes issus d’une grande école passe sous la barre symbolique des 10%. L’enquête précise que « le contexte reste très favorable sur le marché de l’emploi des cadres » dont les postes sont brigués par les jeunes diplômés issus des études supérieures.
Un salaire autour des 35 000 euros annuels
“Comme l’an passé, 8 diplômés en emploi sur 10 ont été recrutés soit avant leur sortie, soit moins de 2 mois après la sortie de l’école”, précise le rapport de l’enquête. Pour la promotion 2017, le salaire brut annuel s’établit à 34 918 euros, hors primes. Le résultat est en légère augmentation par rapport à la dernière promotion qui touchait 34 864 euros (+ 54 euros). Fait plutôt rare dans un marché du travail concurrentiel, la majorité des emplois pourvus par les jeunes diplômés sont des contrats à durée indéterminée. Avec 81,1% de CDI, la stabilité est l’une des instructions de l’enquête de la Conférences des grandes écoles (CGE).
62% des diplômés embauchés… avant la fin de leurs études
Contrairement à d’autres formations moins prestigieuses, le délai d’embauche est très court pour un jeune qui a obtenu un grade de master dans une école de commerce par exemple. En effet, seuls 15,8% des jeunes diplômés mettent plus de deux mois à trouver un poste. A l’inverse, près d’un quart des employés (22,2%) ont décroché leur premier emploi après moins de deux mois. Mais, dans plus de 6 cas sur 10, les anciens étudiants issus de classes préparatoires sont embauché avant le terme de leurs études (62%). Le rapport précise que “les principaux moyens ayant abouti à une embauche sont en premier lieu le stage de fin d’études (28,5%)” devant la recherche sur les sites de recherche d’emploi comme l’APEC (12%) et le recours au réseau professionnel et personnel (9%). En outre, “l’utilisation des réseaux sociaux professionnels dans la recherche d’un emploi continue de progresser : + 2 points entre 2017 et 2018”, commente le rapport.
Des différences notables selon le profil
Les femmes moins avantagées que les hommes
Parmi les enseignements de l’enquête réalisée par la Conférence des grandes écoles (CGE), un poncif revient régulièrement depuis quelques années. Il apparaît que, comme dans d’autres secteurs d’activités, les femmes sont moins payées que les hommes. A compétences égales, les écarts de salaires perdurent. En moyenne, celles-ci touchent 33 512 euros contre 35 756 euros pour leurs homologues masculins. Soit plus de 2 200 euros de différence sur une année. “Avec les primes, l’écart s’amplifie, cela est doute dû au statut de cadre plus fréquent chez les hommes”, justifie le rapport de l’enquête. Dans le temps, les hommes ont plus de facilité à évoluer que leurs collègues féminins. Ce qui, à terme, accentue les écarts de salaires et de primes déjà visibles dès le départ. “L’utilisation des réseaux sociaux professionnels dans la recherche d’un emploi continue de progresser : + 2 points entre 2017 et 2018”, commente le rapport.
Plus de 50% des postes basés en Île de France
En sortant d’une grande école ou d’une université partenaire, les diplômés exercent principalement en Île-de-France. La région parisienne est, en effet, la destination privilégiée et la plus pourvoyeuse en termes d’emplois à responsabilité (53,9%). Le niveau de vie, la présence de grandes entreprises et les évolutions de carrière en fait un cadre idéal pour que les nouveaux ingénieurs et managers démarrent leur carrière. Évidemment, le salaire évolue selon la localisation géographique, et notamment pour ceux qui tentent une première expérience professionnelle à l’étranger (lire plus bas) :
- Ile-de-France : 36 025 euros.
- Province : 31 522 euros.
Un manque d’intérêt pour le volontariat
Parmi les solutions qui s’offrent aux jeunes diplômés issus d’une grande école, l’année de césure peut s’accompagner d’un an de volontariat. Seuls 3,8% de l’ensemble de la promotion 2017 ont recours à une année en tant que volontaire. Le plus réputé est le Volontariat International en Entreprise (85,6%). Autrement appelé le V.I.E., ce programme est un moyen de partir travailler à l’étranger dans une entreprise française ou l’une de ces filiales installées aux quatre coins du monde. Cette expérience à l’étranger, souvent hautement rémunératrice, est un moyen de démarrer une carrière à l’international ou d’intégrer un grand groupe français. Les autres volontariats sont le Volontariat International en Administration (V.I.A.) ou encore le Volontariat de Solidarité Internationale (V.S.I.).
Grande école : 13% des diplômés partent à l’étranger
Afin de fuir activement le chômage, de plus en plus diplômés optent pour un départ à l’étranger. Le séjour professionnel n’est pas uniquement réservé au néo-bacheliers qui décident une orientation post bac qui sort de l’ordinaire. Les nouveaux ingénieurs ou managers sont également tentés par l’expatriation permanente ou temporaire. En effet, 12,9% des jeunes décident de partir en direction d’une destination à l’international. C’est un gage d’employabilité selon les recruteurs qui sont de plus en plus soucieux d’un CV faisant mention d’une expérience à l’étranger. D’après le programme Erasmus +, 64% des recruteurs expliquent que c’est même une valeur importante dans l’optique de recruter un candidat. Ce sont surtout les managers (18,6%) qui tentent l’expérience internationale. La rémunération annuelle (en brut) n’est pas la même en fonction du pays d’accueil :
- Suisse : 62 464 euros.
- Etats-Unis : 60 026 euros.
- Allemagne : 46 053 euros.
- Royaume-Uni : 44 563 euros.
- Luxembourg : 38 262 euros.
- Canada : 35 612 euros.
- Belgique : 35 409 euros.
- Chine : 28 281 euros.
- Espagne : 28 059 euros.
La différence de rémunération dépend “des conditions économiques et du niveau de rémunération pratiqué dans le pays”, souligne le rapport de la Conférence des grandes écoles (CGE).
Comment négocier son premier salaire ?
Aux termes des études, l’estimation de son premier salaire est l’une des préoccupations majeures des jeunes diplômés, y compris pour celles et ceux qui sortent d’une grande école. Il n’est pas toujours évident de négocier sa rémunération avec un recruteur au moment de l’embauche. Et, il n’est pas rare de regretter de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour atteindre son objectif pécuniaire. Durant un entretien, la question “Quelles sont vos prétentions salariales ?” peut même déstabiliser.
Pour éviter les imprécisions et être bien préparé à cette étape, des outils permettent d’avoir une première idée. Par exemple, le réseau social professionnel LinkedIn a lancé la plateforme collaborative LinkedIn Salary. L’outil offre une fourchette de salaires selon le métier et la localisation de ce dernier. LinkedIn Salary fonctionne grâce aux données transmises par les utilisateurs du réseau social professionnel. La rémunération est anonyme et confidentielle et demeure une indication plus ou moins proche de la réalité du marché du travail.